the darkest side of me.

C’est souvent dans ces moments, où on est entouré d’une foule, qu’on se rend compte à quel point on est seul. Nous voilà à un bar où les gens viennent à plusieurs ; où les filles arrivent en bande pour se donner une certaine confidence pour aller approcher ces hommes. Mais quand on a appris à faire tout par soi-même, on en vient à ne pas se lier d’amitié avec la première venue, au contraire, on s’idéalise cet ami et on ne le rencontre que très rarement. Ou alors, on s’attache à ceux qui ont des aussi gros problèmes que soi, et ça finit rarement bien, car lorsqu’on croise des gens écorchés, parfois il faut juste mieux courir ; mais j’aimais trop rencontrer des semblables pour m’enfuir à la première occasion. J’observais la salle où la tumulte rencontrait le désir, je sirotais mon cocktail en ne quittant pas des yeux ces rencontres. Je voulais me perdre dans cette foule pour ne pas m’y retrouver, m’oublier dans ces gens, me fondre dans la foule en oubliant mes plaies profondes. Un homme vint m’aborder, m’offrant un autre verre. Il était beau, charmant. Il avait un air royal, comme s'il avait été un prince dans une vie antérieure. « La même chose pour la demoiselle. » Il vint me détourner de cette envie de vide, et sa présence ne me dérangeait, au final, beaucoup moins que celle de celui d’hier. Je décidais de me laisser prendre au jeu, au fond, j’en avais tellement besoin, de cette sensation de chaleur humaine, peut-être n'était-ce qu'une illusion mais cela suffisait à satisfaire ma solitude. Ce que je ne savais pas, c'est qu'à son départ, je sentirais un nouveau vide, encore plus grand. « Je peux savoir ton nom ? » lui disais-je, en scrutant les traits de quelqu’un qui me semblait si humain. Il ne venait sûrement pas ici se relaxer avec des pensées catholiques, mais il me semblait déceler chez lui cette chaleur, peut-être était-il un de mes semblables, peut-être ne l’était-il pas, mais à ses côtés, c’était comme un sorte de récompense. Sibyllin, je vous l’accorde. « Matteo » me répondit-il. Il n’eut pas à me demander mon prénom, je savais déjà comment cette soirée aller se finir : chez lui. Mais je n’avais besoin de plus pour cette soirée, cela suffisait à succomber mes limites. Le plaisir d’un contact humain, la satisfaction d’éviter un autre soir seule ; j’étais partante pour cette descente dans les décombres de la vie humaine.