the darkest side of me.

Seattle, juillet 1989.
Une larme coula le long de ma joue, lentement, me laissant amplement le temps de réaliser ce qui était en train de se passer. Mes mains tremblaient tout aussi fort que mes chevilles, mes jambes. La pression était trop grande, il ne fallait que quelques instants avant que je m'effondre, laissant alors le bas de mon corps lâcher sans retenue. « Tu ne peux pas. » Un souffle, un murmure. J'étais incapable de sortir des mots qui avaient un sens. Mes lèvres d'habitude si roses étaient recouvertes d'un ton violacé. Je tremblais, comme une feuille, sans pouvoir contrôler quoique ce soit. Le froid et la peur me paralysaient. « Ne me laisse pas. » Mes mains s'évertuaient à le secouer, mais ses yeux vides en disaient long sur la situation. Je ne voulais pas. Ce n'était possible. Pas lui. Il ne pouvait pas me faire ça, pas maintenant. Je regardais le sang couler de sa poitrine, avant de terminer sur ma main, à nouveau. Sur ce bijou qui nous unissait depuis bientôt deux ans. Mon alliance était couverte du sang de mon mari, mon mari allongé là, en pleine rue, inerte. Tout s'était passé trop vite, beaucoup trop vite pour que j'aie le temps de réagir. Pourtant, je lui avais dit de ne pas y aller, d'attendre le signal donné par le reste du groupe. Ce démon hantait le quartier depuis bientôt des semaines, faisant sien des centaines de personnes innocentes. Mais les sorciers savaient pertinemment que l'on ne pourrait pas le battre sans entraînement. Lui aussi le savait. Et pourtant, il avait foncé à la première occasion qui se montrait, me laissant alors seule avec mon chagrin.
« Pourquoi t'as fais ça ? POURQUOI ? » Ma voix s'éleva enfin et brisa ce silence pesant. Un cri de douleur s'échappa de ma gorge en feu. Je ne pouvais plus respirer. La panique m'envahissait. Il n'était plus. Celui que j'avais aimé passionnément, avec qui je prenais plaisir à apprendre la sorcellerie, avec qui j'étais moi-même, ne serait plus. J'étais en colère, mes mains se crispaient violemment autour de son bras. J'espérais vainement qu'il se réveille, me mettant alors aussi en danger en restant là, alors que minuit sonnait. Je ne me reconnaissais plus. Moi, de nature si calme, si douce, ressemblait à une femme animée de rage et de vengeance. « Tu n'as pas le droit de me laisser ! » Je criais, en espérant qu'il m'entende, qu'il me regarde et me dise que tout irait bien, mais je n'entendais que l'écho de mes cris. « Jade, viens, il ne faut pas rester là. » Des mains réconfortantes et maladroites se posèrent sur mes épaules, avant de me tirer vers l'arrière. Je me cramponnais à mon mari avec les forces qu'il me restait, mais je savais bien que nous risquions gros en restant ici. Il rôdait toujours, prêt à bondir sur une nouvelle proie. « Viens ! » Le sorcier me tirait de toutes ses forces, alors que je résistais pour rester à terre, près de celui que j'avais perdu. Mon ami se décida alors de procéder autrement, me prenant par taille pour me porter. A bout de force je ne résistais plus et je lâchais mon amour perdu, me laissant porter loin de l'horreur. Les larmes ne cessaient de couler sur mes joues pâles, je sanglotais comme jamais je n'avais sangloté. En cet instant, j'avais tout perdu. Il était mon appui, ma moitié, mon bouclier. Il nous avait protégés des démons toute sa vie, mettant à bien ses pouvoirs de sorcier. Il avait créé cette organisation protectrice pour les gens comme moi, qui sont incapables de se défendre, qui sont innocents. Il y avait mis tout son cœur, toutes ses forces, et ses espoirs d'un avenir meilleur venaient de partir avec lui. Il avait combattu pour la paix, pour que l'on puisse, un jour, vivre une vie paisible... Cette nuit là, moi, Jade Montgommery la petite sorcière craintive, jura de servir cette cause jusqu'à la mort.

Camden, présent.
J'avais perdu sa trace, encore une fois. Il m'avait semé, s'amusait avec moi comme un chat joue avec sa souris. Mon instinct m'avait amené jusqu'à lui, j'étais certaine qu'il était impliqué dans la mort de mon mari, je le sentais. Il aimait jouer, me faire tourner en bourrique. La poursuite dura bien un quart d'heure, avant qu'il ne s'évapore à nouveau en pleine nature, m'attirant en même temps dans ce labyrinthe, ce piège. Mes pieds foulaient le sol à une vitesse incroyable. Je n'avais jamais couru aussi vite. Mon souffle était court, mais régulier. J'avais peur, mais je continuais malgré tout d'avancer dans l'ombre, sous le craquement des branches que j'écrasais à mon passage. Il fallait que je ralentisse, il allait me repérer. Cette forêt normalement si belle et paisible, cette nuit-là, ne ressemblait qu'à un piège à souris, à l'enfer. J'étais la souris, la souris naïve et stupide qui continuait la course alors que ma cible n'était plus présente, me mettant alors à la vue d'un chasseur en manque de cible... « Je sais que tu es là, sorcière. Tu ne vas pas pouvoir te cacher plus longtemps. » Sa voix rauque se fit entendre non loin. Il se rapprochait à grande vitesse. Il fallait que je change de direction, mais cette petite grotte dans laquelle je venais de m'engouffrer me semblait être une bonne cachette. Il fallait que je prenne une décision, et vite. « Les gens comme toi n'ont pas leur place parmi les humains, et tu le sais... j'ai eu une sacrée chance de tomber sur toi, ici... pas besoin de cacher quoique ce soit. » Un coup de feu retentit et me glaça le sang. Son rire qui transperçait les feuillages ressemblait à celui du démon. Sa rage était telle qu'il pourrait encore me courir après toute la nuit... je n'avais plus le choix, il s'approchait encore et encore. « Pourquoi s'en prendre à des innocents ? » Ma voix se voulait assurée, même si mes sanglots étouffés prouvaient le contraire. Mes mains se crispaient sur mon sac, je cherchais déjà la dague, mon ultime recours... Je n'étais pas du genre à tuer, mais la guerre que l'on se livrait ne me laissais guère le choix. Il s'arrêta net et je pu apercevoir sa silhouette en face de moi. Il respira profondément avant de s'avancer dans ma direction. J'étais pétrifiée. « Tu n'as rien d'une innocente... » Il continua d'avancer, jusqu'à se trouver à seulement quelques centimètres de mon visage. Il glissa son regard sur le manche de ma dague avant d'esquisser un sourire malsain. Je sentais son souffle alcoolisé qui me fit aussitôt tourner la tête. Mes poings se serrèrent. C'était le moment ou jamais de tenter quelque chose, mais je ne pouvais bouger ni ouvrir la bouche, son regard me glaçait le sang. « Une dernière volonté, blondie ? » Je fermais les yeux, essayant de tout mon être de trouver la force pour utiliser la magie, ou simplement bouger. Mais je ne pouvais pas, je tremblais. Il me caressa le bras avant de serrer ses doigts autour, de plus en plus fort. J'allais y rester. « Eh, toi. » Une voix masculine se fit entendre derrière moi. Une voix étrangement calme et sereine. Sans que je n'aie le temps de comprendre, le chasseur était à terre, dix mètres plus loin, inconscient. L'inconnu se trouvait à présent là, en face de moi. Je rouvris timidement les yeux, m'attendant à terminer comme mon ennemi. Il fallait que je me prépare à me défendre, à nouveau. Je sentais qu'il s'avançait, la respiration haletante... avant de me remettre la dague qui était tombée pendant l'altercation. « Vous... » Je voyais enfin son visage au clair de lune, je me raidis, troublée. Hésitant, il se tenait là devant moi, sans dire un mot. Mon gibier, ma cible, celui que je pourchassais depuis plusieurs semaines. Celui qui disparu à l'orée de la forêt quelques temps plus haut, qui s'amusait à mettre mes nerfs à rude épreuve. Ce loup si détestable venait à l'instant de me sauver la vie, alors qu'il aurait dû me l'ôter, comme ce chasseur... Je n'eus pas le temps d'ouvrir la bouche qu'il disparu à nouveau sans s'expliquer, me laissant seule avec mes questions... et ma vie.

SEXY RACHEL

BIENVENUE SUR LE FORUM
& bon courage pour ta fiche

Et quel gâchis je trouve Merci