« Comment est-ce que ça va aujourd'hui sur une échelle de 1 à 10 ? » Lui demanda sa meilleure amie. C'est ce qu'elle faisait au moins tous les deux jours pour voir à quel point il était mal. Matteo avait le choix entre dire réellement ce qu'il ressent ou alors essayer de mentir. Elle le connaissait assez pour savoir le vrai du faux et c'est sans doute cela qui poussait Matteo à se montrer honnête avec elle.
« Je dirais 3 voir 4. » Lui répondit Matteo. En réalité si c'était 3 c'était parce qu'il en avait assez qu'elle vienne le voir. Il savait qu'elle faisait ça par amitié pour lui, mais cela ne l'aidait pas. Matteo n'avait qu'une envie balancer tous les objets à travers la pièce, hurler sa douleur et finir par boire jusqu'à s’évanouir. C'était tout ce qu'il y a de plus naturel puisqu'il n'arrivait pas encore à gérer sa peine, à faire le deuil.
« Je vois que tu as faits la fête hier soir. » Lui fit remarquer la jeune femme en pointant du doigt la table du salon où il y avait quelques bouteilles. Contrairement à ce qu'on pourrait croire Matteo n'avait pas invité une femme, une bande d'amis à venir boire avec lui il avait noyé son chagrin seul comme un grand.
« C'était une soirée privée. » Lui répondit Matteo avant de laisser échapper un rire ironique. Il savait qu'elle avait bien compris qu'il avait seulement bu seul et la jeune femme détestait cela. C'est peut-être étrange, mais elle préférait encore qu'il fasse la fête avec des gens, qu'il couche même avec une femme si cela peut l'aider à aller de l'avant.
« Tu devrais peut-être inviter d'autres personnes comme une femme par exemple. » Lui fit remarquer la jeune femme avant de se recevoir comme réponse un regard noir de la part de Matteo. Cela faisait déjà six mois que sa femme était morte et il n'imaginait même pas faire l'amour avec une autre femme.
« C'est trop tôt. » Lui répondit Matteo. Pour lui il était encore marié ce qui n'est plus vraiment le cas. Seulement rien qu'à l'idée de coucher avec une autre femme Matteo aurait l'impression de la tromper ce qui montre dans quelle période de déni il est. La jeune femme ne comptait tout de même pas le laisser continuer de la sorte c'est pour cela qu'elle lui répondit :
« Ça fait déjà six mois Matteo tu vas devoir aller de l'avant un jour ou l'autre. » La jeune femme savait qu'il allait la détester pour ça, qu'il allait même peut-être crier sur elle, mais c'était toujours mieux que de rester toujours calme. Matteo faisait deux choses il buvait et il parlait à peine. Il n'exprimait même pas sa peine devant les autres il était bien trop sous le choc. Seulement les paroles de la jeune femme semblaient le toucher puisqu'il fit un pas en avant.
« Je ne sais pas comment vivre sans elle. » Lui avoua Matteo en arrêtant de lutter contre l'émotion qui s'emparait de lui. C'était de l'hypocrisie de prétendre que tout allait bien quand il ne savait même plus comment se lever le matin, aller travailler et rentrer le soir. Elle était sa raison de vivre et maintenant il se retrouve seul, très seul.
« Elle me manque à chaque seconde de chaque journée c'est de la torture. » Fini par lui dire Matteo avant de voir sa meilleure amie le prendre dans ses bras. Au départ elle ne savait pas quoi dire pour le faire se sentir mieux. Elle savait qu'il n'avait pas besoin d'entendre qu'il finirait par oublier, car cela n'arriverait jamais. Elle décida donc de lui expliquer réellement ce qui va se passer d'après son expérience.
« Je sais que c'est difficile mais ça finira par s’atténuer peu à peu. Tu n'oublieras jamais vraiment, mais tu vas apprendre à vivre avec. » Lui dit la jeune femme en s'écartant un peu de lui. Elle posa sa main sur son visage en espérant que ses mots l'aideraient dans l'avenir. Pour le moment rien ne le ferait se sentir mieux, car c'est trop récent. La jeune femme ne perdait pas espoir de lui redonner le goût de vivre.
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