j'ai l'air d'une ampoule éclatée ?

Tout en étrangement teinté d'un vert éblouissant. J'en ai mal aux yeux. Obligée de baisser les paupières, d'enfoncer mes phalanges dans mes tempes. La peau se creuse, viscosité camée et blanchâtre. Ça fait mal. La lumière se mue en soleil vert, brulant mon épiderme pourrissant. Mes poumons n'ont plus aucune idée de leur fonction, c'est un être invisible et sadique qui les gonfle et les dégonfles. Irrégularité totale. Je n'ai aucun contrôle. Je suis hors de mon coeur, ressentant pourtant chaque étincelles incendiaires qui le ravagent peu à peu. Il n'y a rien d'autre, j'ignore jusqu'au concept du monde, de la vie, ou de la conscience. Car maintenant on cause manque. Asphyxie, tiraillement musculaires insoutenables, cerveau qui cuit dans son jus dégueulasse. A se pisser dessus. Sentir le liquide tiède se mettre à couler, à peine le remarquer, renifler tel le môme avec la goûte au nez. Pas d'odeur. Pas d'odeur putain. Rien. Néant glacé. Je sens la chair de poule se former, glissait sur moi comme du pétrole qui engluerai les plumes d'une mouette. Mon cri reste figé, cristal acidifié sur ma bouche déjà bien abimée, il est prisonnier. Puis j'ai le squelette qui danse la gigue avec un vieux cornu, du bout de sa fourbe ce connard m'encule et me ramone, hurlant de rire en entendant mes boyaux grincer, perturbés dans leur engrenages marécageux. Et alors même que je pouvais pressentir la marais noir arriver, une première cloque sur mon bras vient d'apparaitre. Ploc épidermique, boursouflure semi-transparente. Mon eau s'fait la malle, cette connasse de lumière-herbe radio-active cherche à me l'aspirer. Bataille stérile. C'est un vide sépulcral, crevé d'avance par l'absence de dose et de fric pour s'en procurer, qui lui seul souffle les braises d'une rage strangulée. Les plaies vont de toute manière éclatées, pression insoutenable de ce soleil vert. Jusqu'à la mort avec auto-réincarnation. Jusqu'aux cendres fumantes et la reconstitution à la glu premier prix. Un cadenas saute lorsque un mouvement brise la pièce. L'air circulant à nouveau normalement. Et j'hurle. Je beugle comme une putain de condamnée à mort, comme un chien à qui on arrache la patte tel un pansement.

Il n'y a aucun endroit particulier, aucune odeur ni saveur, qui entre, d'une quelconque manière, en ligne de compte dans cette équation. Je pourrais être dans une rue enneigée, béton glacé et bouche à incendie devenu des sexes d'hommes dressés là, incongrus. Des bittes qui s'élèvent hors de la poudreuse. Je pourrais être dans un parc en plein été, le soleil cramant tout de ses flèches sans pitié et les oiseaux éventrés puis abandonnés par un chat trop paresseux. Je pourrais être brune, posséder le charme des italiennes avec leur talons vertigineux, rousse, blafard fantômes honnis par des générations avec les épaules couvertes d'un accident de sucre roux. Je pourrais être à la terrasse d'un café, entrain de faire l'amour ou de me battre. Je pourrais mourir de faim, me rouler en boule dans un recoin de bitume inhospitalier, la poussière pourrais bien alourdir tout mon corps avant de désagréger mon squelette. Quelque soit l'endroit, quelque soit qui je suis, comment je suis et avec qui. Quelque soit ce que je fais, ce que j'écoute ou ce que j'entend, ce que je vois. Quelque que soit la dernière catastrophe mondiale en date. J'ai eue ma dose. Et ça, sa baise tout le reste. Ça te laisse pantin articulé à la poudre virginale, sourire explosé accroché au visage.. Les yeux sont voilés, oubliés entre le manque et l'injection. Tu fonds sans que rien dans l'univers ne soit meilleurs. Putain non, sans que rien dans l'univers et plus encore ne soit meilleur. Tu as ta dose. Et tu baises tout le reste.

Le sol est meuble, friable comme un biscuit ranci d'amertume. Les brins d'herbes qui s'étirent en dehors, un peu jaunâtres, malades ou asséchés, ondulent au vent. Je veux les imaginer, comme déchirer l'air de leurs petites lames de chlorophylles. En vain. C'est un tourbillon sans début ni fin qui se déroule contre mes yeux secs. Aucune lueur n'habite mon regard, rien de vivant ne trouble le gris bleuté de mes pupilles. Elles sont fixes, concentrées sur un seul centimètre carré du parc. Pourtant il est immense. Pourtant il regorge de recoins inexplorés, petits trésors dissimulés par la nature jalouse de notre avidité. Mais comme toujours mon cerveau analyse au lieu de divaguer, se contente du minimum de vie tangible à régurgiter. Et puis je n'ai pas faim. Je suis anorexique de beauté. Les contes n'ont jamais provoqués chez moi, plus que le balancement lent apporté par la voix de ma mère qui les racontés. Insensible et aveugle, voilà des termes qui me collent à la peau, l'imprègnent. Ils me mâchonnent l'estomac en causant des aigreurs atroces. Des aigreurs de conscience lourde comme du plomb. Le ciel pèse sur ma nuque, accusateur. Il me dit vient, crétin. Regarde moi bien. Ne distingues-tu pas dans les nuages qui s'effilochent, des tableaux éphémères ? Observes bien mon étendue tâchée de cumulus nimbus et autre danseurs de cotons. Tu vas découvrir dans leurs ballets, l'aléatoire merveilleux de l'imagination qui germe. Un souvenir qui coulera dans ta gorge, goûteux, savoureux. Oh oui, le ciel promet, je vous le promets qu'il promet. Il est sincère mais naïf. Un chérubin du merveilleux. Il ignore que je suis ce robot sans connections nerveuses. Car, lorsque je lève les yeux, je ne vois rien, j'imagine seulement un amas de gouttelettes d'eau qui circule au dessus de ma tête. La pluie qui menace de tomber, épée de Damoclès parmi tant d'autre. Il n'y a pas de rêve. Rien. Jamais Nika, jamais.

Il se redresse en secouant la tête, désappointé par cette sieste placide dans un lieu aussi charmant. Il effleure ses cheveux, lui demandant de se lever avant de l'emmener en liant leurs mains amaigries, vers le camion de glace qui leur serine dans les oreilles depuis un moment déjà.

Que tout va là, toi, puis ça s'en va. Qui est ce moi ?

Gryt Olw a écrit:

merci beaucoup
c'est normale qu'elle est du succès, bien que j'aurai préféré Willow ou Spike